Compagnie des Indiscrets

Plouf

Tentative de conférence politico poétique à prétention musicale !

En partant de l’histoire des Trois Petits Cochons, Plouf mêle performance, fausse conférence, profération, musique, improvisation, comptines, chant, récitation, poésie sonore et écrite, politique-fiction, automatisme lingual…

Il m’est apparu que l’histoire des Trois petits cochons avait une place centrale dans notre civilisation. Que c’était un peu le moment clef, le nœud du problème, la genèse en quelque sorte. En tous cas qu’il y avait quelque chose qui commençait au moment même où on pense que c’est fini… Alors, ça m’a fait m’interroger sur cette notion de fin… C’est quoi ça la fin ? C’est quoi qui finit ? C’est quoi qu’y avait à finir ? Est ce que c’est bien fini… ? Et si ce qu’on appelle la fin des Trois petits cochons c’était le début ? Si la fin des Trois petits cochons c’était en fait la naissance du capitalisme ?
Jean-Louis Baille


On va bien finir par finir. Festin en filigrane, ras l’fion des graines, le loup veut du vivant, du vif, ça qui fait loup, le vrai, fonction ontique à ras museau, le trip barbaque… Bigre, des briques ? Pas allé de main morte le cochon, malgré papatte genre moignon, du mastoc, le top pas toc, le stock, torché en bloc, le mode pas d’moque, pas d’breloque. Briques and co, déco en trop. On fait pas dans le berlingot, styl’ rococo, stuc à gogo, non. Du lourd. Du pour longtemps. Du tant qu’à faire faut que ça tienne. Et hisse et haut. C’est du costaud. Gros œuvre et gros moyens. Bref, le loup a, pour ainsi dire, du pain sur la planche… Il se gonfle en inspir, s’étire et lâche à la volée masse tenace en particules version tempête et tourbillon de bouche ou fion selon version… pour peau de balle. Il câle, râle, détale, se fait la malle, revient… Tiens, une échelle ? Pourquoi pas ? Le loup doit poursuivre…

Le sujet c’est la fin. Cet événement qu’on appelle fin. À un moment donné il se passe… On voit bien qu’il se passe quelque chose. C’est ça qu’on appelle l’événement, l’événement fin.

Et c’est plouf. En fait non, non. C’est pas plouf. Plouf c’est pas l’événement. Pas vraiment. Plouf, c’est autre chose. C’est après. C’est l’après fini. L’ap…fin. L’apfin cut. Le clap… Quand ça coupe. Ça… clac… Ça clic… ça tac… Enfin, c’est le moment où ça pourrait continuer. Comme ça. Juste après la fin. Mais où c’est fini. On voit bien que c’est fini. On a la sensation que c’est fini. On peut se dire, « voilà c’est fini ». Ça va pas continuer. Et ça, ça, c’est plouf… 


Plouf, c’est quelqu’un qui vient sur scène pour parler de l’histoire des trois petits cochons. Ou plus exactement de la fin de l’histoire des trois petits cochons. On pourrait même dire de la fin tout court. Du concept fin. De ce que c’est ça la fin. Ça qui finit. Ou pas…. Ça fait qu’il parle des trois petits cochons. Et du loup aussi évidemment. De la fin. Du décorticage de la fin. La notion de fin. De la vraie et de la fausse. De l’après. C’est-à-dire de ce qui se passe une fois que c’est fini. Qu’on croit que c’est fini. Mais qu’en fait ça continue. Qu’on peut même dire que ça commence. Qu’il y a autre chose qui commence. Quelque chose de nouveau. Qui n’aurait pas eu lieu si y avait pas eu la fin. Comme avec les cochons. Que c’est pas parce qu’ils se sont débarrassés du loup que c’est fini. Que c’est le contraire. Que c’est grâce à ça qu’ils vont commencer. Qu’ils vont enfin pouvoir commencer. À être autre chose que des petits cochons. À se libérer de leur condition de tout petits cochons. Et que maintenant, oui, qu’y a plus le loup pour les voir comme petits cochons. Ça va devenir de grands cochons. Et les grands cochons, c’est plus que cochon. C’est le grand plongeon dans l’évolution. Un grand plouf dans l’histoire de l’humanité. Un grand pas en avant dans l’apparition du Capitalisme…

Plouf c’est aussi quelqu’un, pas le même, qui vient sur scène, pour faire de la musique. Parce que comme le dit le premier quelqu’un, avec les trois petits cochons, il s’agit quand même d’un conte et qu’en général, les contes sont accompagnés en musique. Donc il accompagne, le deuxième. Enfin… si on peut dire. Disons plutôt qu’il se fraye un chemin. Un chemin à lui. Un chemin musical personnel comme à l’intérieur du premier, du chemin textuel. C’est pas vraiment un chemin parallèle, pas vraiment, mais quand même ça reste très personnel, cherche pas à coller, à suivre absolument, non. Y fait sa vie lui aussi, cherche, bifurque, répète, rature, revient, contraste, farfouille et bidouille. Passe d’un instrument à l’autre, d’un style à l’autre, d’un son à l’autre : guitares, contrebasse, pédales, boucles, mélodica, tongue électrique, câble électro…

Tout est bon dans le cochon !

Plouf est né d’un texte de prose poétique, non destiné à la scène, commencé d’écrire en 2011, Canis Lupus LTD. Des extraits de ce texte ont donné lieu à plusieurs lectures/performances, en particulier dans le cadre du Printemps des Poètes. En 2012, nous avons décidé de rassembler certains passages autour d’une idée centrale, une sorte de fausse conférence sur les trois petits cochons, prétexte à une digression métaphysico-absurde sur la notion de fin. Et en particulier l’idée que la fin est toujours le début d’autre chose…

Il y a donc dans Plouf une volonté assumée de mélange de genres entre des formes d’écritures diverses et différents niveaux de langage : prose explicative, répétitions, décalages, cut up, listes, poésie sonore, langue « carnavalesque » (pour reprendre une expression de Christian Prigent), chansons… Écriture toujours guidée cependant par ce qui est pour moi une obsession : la musicalité et le rythme.

C’est ce parti pris du mélange que nous avons tenu à assumer jusqu’au bout dans la mise sur scène du texte. Autant dans la liberté d’interprétation, passant du ton réaliste et direct de l’adresse à la profération ; d’une pensée en mouvement faussement improvisée (un grand merci au cours de Gilles Deleuze) au chant ; de l’incantation à la narration… Que dans le dialogue entre ce texte et la musique écrite par Julien Michelet. Ou dans le rapport physique et théâtral entre les deux protagonistes. Ni duo de clown. Ni duo tout court. Ni chacun dans son coin. Ni dans sa bulle. Ni dans la même bulle. Ni défiance. Ni chiens de faïence. Ni fraternité…

Bref, un Objet Scénique Non Identifié…

 




 

Plouf, cie des insdiscrets - photo et graphisme © Ernesto Timor

Un spectacle de la Cie Les Indiscrets

Avec Jean-Louis Baille (conférence, récitation, profération, chant, automatisme lingual…)
et Julien Michelet (contrebasse, guitares, mélodica, éponge spontex, électro-cable…)
Musique Julien Michelet
Mise en contact Lucie Gougat

Durée : 1 h
Malgré la référence aux Trois petits cochons, ce spectacle n’est pas à destination du jeune public.

 

production et soutiens

Plouf fait partie du projet 1, 2, 3 qui comprend Pseudo, Plouf et Et Après. 

Coproduction : Théâtre de l’Union – Centre Dramatique National du Limousin, Théâtre des 7 collines – Scène Conventionnée de Tulle, Théâtre du Cloître – Scène Conventionnée de Bellac. Soutiens : Centres culturels – Ville de Limoges. Avec le concours de l’État (ministère de la culture et de la communication – direction des affaires culturelles du Limousin) et de la Ville de Limoges.

Compagnie conventionnée par le Conseil régional du Limousin.

 

calendrier

Création 2013

 
Dossier professionnel (pdf)

 

Photos et affiche © Ernesto Timor